Le kimono – ce qu’il faut savoir

Comprendre le kimono

Avant d’acheter un kimono, il est important de comprendre ce que c’est. Le kimono possède plusieurs siècles d’histoire, et représente une des formes d’artisanats japonais les plus complexes. Par respect pour la culture japonaise et pour le travail des artisans, il est important de comprendre certains éléments.

Un peu d’histoire…

Les kimonos sont beaux. Incroyablement beaux. Il y a lieu de se demander pourquoi les Japonais ont créé des tissus aussi riches et colorés alors que, comme ailleurs dans le monde, les défis sociaux accaparaient une part importante des ressources. La réponse est complexe et typiquement japonaise ; la richesse des kimonos, et d’autres formes d’artisanats s’expliquent en partie par la dualité du pouvoir entre la monarchie (nobles et cours impériales) et la classe dirigeante militaire (le bushi ; samurai, daimyo et shogun). 

Depuis le milieu du 16e siècle, les dirigeants militaires, qui contrôlent la vie civile, occupent des fonctions qui les obligent à être plus actifs que la noblesse impériale, qui ne s’occupe pas des affaires courantes.  Leurs vêtements doivent donc non seulement être esthétiquement à la hauteur de leur statut, mais aussi être pratiques et fonctionnels.

Le vêtement de l’époque, le kosode (litt. Petite manche), est à l’origine de ce que nous appelons couramment le kimono (litt. Ce que l’on porte). La particularité du kosode et du kimono tient à leur forme carrée typique. Cette forme permet de minimiser les pertes de tissus lors de la confection en rendant la forme plutôt standard et monotone. Et c’est cet aspect qui distinguera à jamais les tissus japonais des tissus occidentaux ; à défaut de pouvoir créer des formes riches et diversifiées, les artisans doivent plutôt utiliser le kosode comme un canevas sur lequel tisser, broder et peinturer leurs idées. La beauté des tissus était bien plus qu’un caprice, il s’agissait aussi de l’honneur de son clan.

Ce qu’il faut absolument savoir avant d’acheter un kimono,

Kimono signifie « ce que l’on porte » en japonais, c’est un terme générique qui s’applique à plusieurs types de vêtements. En fonction de l’usage et de nos goûts, nous pourrons choisir le bon type. La majorité de nos kimonos sont vintage; à l’exception de certains yukatas prêts-à-porter, tous les kimonos sont fabriqués sur mesure pour un client au Japon par une équipe d’artisans. 

Ils ne sont donc pas signés, n’ont aucune étiquette, et en établir l’âge, la composition des fibres et l’origine est une science incertaine. La beauté d’un kimono repose dans le tissu qui le compose et la façon dont on le porte – l’assemblage et la coupe ont peu évolué depuis plusieurs siècles, et un kimono ressemble à un grand carré de tissu qu’un vêtement. La beauté réside dans la façon dont les motifs sont mis en valeur, l’agencement des accessoires et la façon de le porter.

Pour cette raison, nous ne prenons pas de commande en ligne : il faut toujours essayer un kimono avant de l’acheter pour assurer que l’agencement soit parfait. Vous pouvez retrouver une liste de notre inventaire ainsi que les prix dans notre page Collection, mais vous ne pouvez pas compléter de commande en ligne : contactez-nous pour prendre rendez-vous ou compléter votre commande à [email protected].

Nous avons pour mission de tenir l’inventaire le plus diversifié possible pour que les gens d’ici aient la chance de pouvoir les essayer, et ce, au meilleur prix possible. La complexité des tissus rend impossible de bien les exposer en ligne. Aussi, en fonction des tissus, certains ne pourront pas être lavés à la main, et certains ne peuvent pas être nettoyés, même à sec. Vous devez donc bien comprendre cet aspect avant d’arrêter votre choix. 

Aussi, un kimono pour femme est toujours très long (180-190cm), et doit toucher au sol – pour le porter, il faut créer un ourlet au niveau de la taille afin d’en ajuster parfaitement la hauteur aux chevilles, et cet ourlet est ensuite partiellement caché sous l’obi (la fameuse ceinture). Donc les femmes, même grandes, n’auront pas de problème à ajuster la hauteur. Pour les hommes, la hauteur est moins grande, et il n’y a pas d’ourlet à créer. Le choix est beaucoup plus restreint pour les hommes d’ici, car les hommes japonais sont plus petits, et nos kimonos sont vintage pour la plupart.

Finalement, porter un kimono de façon traditionnelle demande de la pratique et plusieurs accessoires. Un kimono se porte toujours avec un obi (ceinture), plusieurs sous ceintures (koshi-himo), pour la plupart un sous-vêtement (juban), et, selon les styles, de nombreux autres accessoires.

Les types de kimonos

Haori et michiyuki – des vestes prêtes-à-porter

Les kimonos sont généralement faits de soie ou de tissus fins, et il faut éviter de les salir à tout prix pour ne pas les dégrader. C’est pour cela qu’un kimono se porte avec un sous-vêtement, le juban, pour le protéger de l’intérieur. Il faut donc choisir son kimono en fonction de la température de la journée! Pour protéger l’extérieur du kimono lorsque nous nous déplaçons, ou pour ajouter une épaisseur lorsqu’il fait froid ou il pleut, il faut porter une veste par-dessus. 

Les vestes haori se portent tel quel, et sont ouvertes à l’avant. On peut utiliser un petit cordon pour le fermer (haori-himo), un accessoire détachable que nous choisirons en fonction du style souhaité.

Les vestes michiyuki sont plus longue et se referment à l’avant avec des boutons pressions. Les michiyuki n’ont pas de forme – ce sont de grands rectangles de tissus. Il est possible de faire des agencements magnifiques avec des ceintures et accessoires,  mais puisque chaque michiyuki est unique, tout comme la morphologie de chacun, il faut essayer, expérimenter et s’amuser à créer son propre style.

Le yukata – pour l’été ou l’intérieur

Le yukata se distingue du kimono par sa simplicité ; il se porte tel quel, sans juban, simplement avec un obi. Le yukata était historiquement un vêtement d’intérieur seulement, en coton blanc teint en bleu (indigo naturel). Aujourd’hui, il est normal de porter des yukatas pour les festivals d’été. Bien qu’il existe encore des artisans qui teignent les yukatas de façon traditionnelle (par sérigraphie ou teinture shibori), la grande majorité est produite de façon industrielle. Il s’agit du kimono le plus simple, facile à porter et abordable.

Komon, iromuji et meisen – Pour tous les jours

Les kimonos que l’on porte tous les jours sont généralement des komon (kimono à petits motifs) ou des iromuji (couleur unie). Néanmoins, au début du 20e siècle, des styles différents apparaissent afin de plaire à tous. Vers les années 1920, le kimono se démocratise et est encore porté par une large partie de la population. Des motifs plus grossiers, géométriques ou figuratifs, apparaissent. Ce sont des kimonos de style meisen, des kimonos imprimés avant ou après de tissage. Ces kimonos peuvent être faits de différents matériaux ; soie, lin, coton, laine, polyester, nylon, rayon, etc.

Hōmongi – Des kimonos hauts en couleur

Le hōmongi est un autre kimono très formel, mais sans kamon, porté par les femmes mariées ou non. Le hōmongi présente des motifs continus s’étendant sur l’ensemble de sa surface. Il est utilisé pour les événements mondains, tels que la cérémonie du thé et les mariages. La complexité de ces kimonos tient dans le fait que les artisans qui préparent la soie doivent utiliser des patrons précis afin de teindre, peinturer et broder les motifs aux bons endroits, afin qu’une fois assemblé, le motif semble courir sur l’ensemble du vêtement.

Tsukesage – Pour les grands jours

Les tsukesage sont semblables aux hōmongi, mais les motifs qui les ornes ne sont pas continus sur l’ensemble de la surface. Le tsukesage sera porté pour des occasions spéciales, mais n’est pas approprié pour un mariage. La soie sera peinte à des endroits précis afin que lors de l’assemblage, les motifs soient continuent sur l’ensemble du kimono.

Tomesode et mofuku – les kimonos noirs et formels

Pour les femmes mariées, le kimono formel utilisé pour les grandes célébrations, comme le mariage d’un proche, est le kurotomesode. Ce kimono noir à courtes manches est décoré dans sa partie inférieure seulement. Le niveau de formalité s’exprime par les kamon (armoiries, 1, 3 ou 5 en générales). Le kurotomesode n’est pas porté à la cour impériale, car le noir représente le deuil, mais autrement il s’agit du kimono le plus formel des femmes mariées. Le mofuku est un autre type de kimono formel, noir uniquement et arborant 5 kamon. Le mofuku est porté pour des événements formels, par exemple avec un hakama dans certaines écoles pour la cérémonie de graduation, mais est surtout le kimono typique pour les cérémonies funéraires. Le irotomesode, une version de couleur claire et un peu moins formelle, est parfois porté par les femmes plus jeunes.

Furisode – Avant de se marier

Le furisode est, après l’uchikake et le shiromuku, le kimono le plus formel. Le mot furisode signifie les « manches qui se balancent », et pour cause ; les manches d’un furisode font plus d’un mètre de long. Aujourd’hui, les jeunes filles et femmes le portent pour célébrer leur passage en âge (cérémonie à 20 ans), pour assister à un mariage ou pour se marier. Une fois mariée, une femme ne le portera plus. Historiquement, les femmes devaient couper les manches après leur mariage afin d’être plus à l’aise afin de réaliser les tâches ménagères.

Uchikake et shiromuku – pour un seul jour

L’uchikake est un descendant direct des kosode du bushi. Cette veste, qui se porte ouverte par-dessus un autre kosode, était à l’époque un vêtement formel qui pouvait être porté pour les grandes occasions. Aujourd’hui, l’uchikake est réservé uniquement pour le mariage des femmes. Puisqu’il se porte sans obi, les motifs brodés, dorés et peints couvrent l’ensemble du vêtement. Il ne faut pas confondre l’uchikake, qui est très coloré, avec le shiromuku, un kimono similaire, mais blanc uniquement, qui est porté pour les mariages shinto.

Le juban et l’obi – des accessoires indispensables

Le juban est le sous-vêtement du kimono. Historiquement fait de soie, on lui préfère aujourd’hui le polyester afin d’en faciliter l’entretien. Le juban est important ; on peut en voir une partie à l’intérieur des manches, et son col est apparent et structurant. On choisira donc son juban en fonction du type de kimono et les différents cols permettent de changer le style du kimono.

Comme le juban, l’obi est essentielle tant structurellement qu’esthétiquement. Tout comme pour le kimono, le motif brodé doit l’être au bon endroit afin d’apparaitre parfaitement une fois nouée. L’habilleur ou l’habilleuse doit donc prendre soin d’enrouler l’obi de façon précise en fonction du tour de taille du porteur afin de préserver et mettre en valeur les motifs. Tout comme pour les kimonos, il existe plusieurs types de obi en fonction du style et de la fonction recherchée.